XXIX. Dans le même été, l’Abdéritain Nymphodore, fils de Pythès, dont la soeur avait épousé Sitalcès et qui jouissait d’un grand crédit auprès de ce prince, reçut des Athéniens le titre de proxène Hôte public. et fut mandé à Athènes. Les Athéniens qui, jusque-là, avaient vu en lui un ennemi, cédèrent au désir de se faire un allié de Sitalcès, fils de Térès, roi des Thraces. Ce Térès, père de Sitalcès, est le premier fondateur de la puissance des Odryses Thucydide dit plus loin ( ii , 97) que cet empire des Odryses était le plus puissant qui fût en Europe, du Pont-Euxin à la mer lonienne. ; c’est lui qui a enveloppé dans leur vaste royaume la portion la plus considérable de la Thrace (car il y a aussi une grande partie des Thraces qui sont restés autonomes Indépendants, se gouvernant par leurs propres lois. ). Ce Térès n’a rien de commun avec Térée qui avait épousé Procné, fille de Pandion d’Athènes ; et même le nom de Thrace s'applique dans les deux cas à des contrées différentes ; car Térée habitait Daulie ; ville de la Phocide actuelle, occupée alors par les Thraces. C’est là que les femmes commirent sur Itys Itys, fils de Térée et de Procné, fut tué par sa mère qui le fit cuire et servir à Térée pour se venger de ses infidélités. cet attentat si fameux, et c’est pourquoi beaucoup de poëtes, en parlant du rossignol, le nomment l’oiseau de Daulie. Il est vraisemblable, d’ailleurs, que Pandion dut plutôt établir sa fille dans un pays voisin, en vue d’avantages réciproques, que chez les Odryses, à plusieurs jours de marche. Térès, qui n’a pas même avec Térée la conformité du nom, fut le premier roi puissant des Odryses. C’est avec son fils Sitalcès que les Athéniens contractèrent alliance, dans le but de soumettre la presqu’ìle de Thrace et même Perdiccas. Nymphodore vintà Athènes, cimenta l’alliance avec Sitalcès, et obtint pour Sadocus, fils du roi, le droit de cité. En même temps il promit de mettre fin à la guerre de Thrace en décidant Sitalcès à envoyer aux Athéniens un corps de cavalerie thrace et des peltastes. Il réconcilia aussi Perdiccas avec les Athéniens en les engageant à lui rendre Thermé, et aussitôt Perdiccas marcha contre les Chalcidiens, de concert avec les Athéniens et Phormion. C’est ainsi que Sitalcès, fils de Térès, roi des Thraces, et Perdiccas, fils d’Alexandre, roi des Macédoniens, entrèrent dans l’alliance des Athéniens. XXX. Les Athéniens qui montaient les cent vaisseaux croisaient encore autour du Péloponnèse ; ils prirent Solium Pouqueville croit avoir découvert les ruines de Solium, à peu de distance de Slavena. , place des Corinthiens, et l’abandonnèrent, avec son territoire, aux habitants de Phalère, pour en jouir à l’exclusion de tous les autres Acarnanes. Ils prirent également de vive force Astacos Près de l’embouchure de l’Achéloüs. — Aujourd’hui Dragomestri. , en chassèrent le tyran Évarque, et firent entrer le pays dans leur alliance. Faisant ensuite voile vers Céphallénie, ils la soumirent sans combat. Céphallénie, située en face de l’Acarnanie et de Leucade, renferme quatre villes : celles des Paléens, des Craniens, des Saméens et des Pronéens. Peu de temps après la flotte rentra à Athènes. XXXI. Ce même été, vers l’automne, les Athéniens en masse, citoyens et métèques ,· envahirent la Mégaride, sous le commandement de Périclès, fils de Xanthippe. La flotte de cent vaisseaux qui avait croisé autour du Péloponnèse se trouvait alors à Égine, effectuant son retour à Athènes. Ceux qui la montaient, à la première nouvelle que la population de la ville s’était portée en masse contre Mégare, firent voile aussitôt de ce côté et allèrent se réunir à l’expédition ; jamais armée athénienne aussi nombreuse ne s’était trouvée rassemblée dans un même camp : la république était alors dans toute sa puissance et la maladie La peste, décrite plus loin. n’avait pas encore sévi. Les Athéniens seuls ne fournissaient pas moins de dix mille hoplites, non compris trois mille qui étaient à Potidée. Trois mille hoplites métoeques au moins prirent part à cette expédition ; et il y avait, de plus, un corps nombreux de troupes légères. Après avoir ravagé la plus grande partie du pays, ils s’en retournèrent. Les Athéniens firent encore dans le cours de cette guerre d'autres excursions en Mégaride : chaque année Un décret de Charinus obligeait les généraux athéniens à jurer d’envahir, deux fois l’an, la Mégaride. le pays était envahi soit par la cavalerie, soit par l’armée entière, jusqu’au moment où ils s’emparèrent de Nisée. XXXII. Les Athéniens fortifièrent, à la fin du même été, Athalante Aujourd’hui Talantonisi, en face de la ville de Talanti. , île voisine des Locriens d’Oponte et auparavant déserte ; ils y mirent garnison, afin d’empêcher que les pirates d’Oponte et du reste de la Locride ne vinssent infester l’Eubée. Tels sont les événements accomplis dans le cours de cet été après que les Péloponnésiens eurent évacué l’Attique. XXXIII. L’hiver suivant, l’Acarnane Évarque, voulant rentrer à Astacos, décida les Corinthiens à l’y reconduire avec une flotte de quarante vaisseaux et quinze cents hoplites. Lui-même soudoya quelques troupes auxiliaires. A la tête de l’expédition étaient Euphamidas, fils d’Aristonyme, Timoxène, fils de Timocrate, et Eumachus, fils de Chrysès, Ils firent voile vers Astacos et rétablirent le tyran. Ils voulurent aussi soumettre quelques autres places du littoral de l’Acar- nanie ; mais leur entreprise, échoua et ils reprirent la route de Corinthe. En côtoyant Céphailénie ils s’arrêtèrent et firent une descente sur le territoire des Craniens ; mais trompés par ceux-ci à la suite d’une convention et attaqués à l’improviste, ils perdirent une partie de leur monde, furent vivement ramenés et reprirent la mer pour rentrer chez eux.